mardi 9 avril 2013

La conférence des chefs !

La prochaine conférence-buffet aura lieu le 17 avril sur le thème : 
« La prudence – vertu des chefs »




La prudence


Mode d’emploi : Lire ces trois textes à la maison, et réfléchir aux questions.

Texte n° 1 :
Deux définitions de la prudence
 « Attitude d’esprit de celui qui, réfléchissant à la portée et à la conséquence de ses actes, prend ses dispositions pour éviter des erreurs, des malheurs possibles, s’abstient de tout ce qu’il croit pouvoir être source de dommage. » (le Petit Robert)
"La prudence est la vertu qui fait discerner en toute circonstance notre véritable bien et choisir les moyens appropriés pour l’atteindre. " (Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique)

Quelle est la principale différence entre ces deux définitions ?

Texte n°2 :
« On était au conclave. Les cardinaux hésitaient entre trois candidats qui s’étaient signalés, l’un par sa sainteté, l’autre par sa haute culture, le troisième par sa prudence. Un cardinal mit fin à l’indécision en citant une lettre de saint Bernard. « Inutile de douter encore, dit-il, notre cas est déjà analysé dans la vingt-quatrième lettre du Doctor Mellifluus. Il suffit de l’appliquer et tout ira comme sur des roulettes. Le premier candidat est saint, qu’il prie pour nous, qu’il récite pour nous, pauvres pêcheurs, quelques Pater. Le second est savant. Nous en sommes très heureux, qu’il nous enseigne, qu’il écrive un bon livre d’érudition. Le troisième est prudent ? Que celui-là nous gouverne et qu’il devienne pape. »
Cardinal Albino Luciani (futur pape Jean-Paul I), Humblement vôtre, Paris 1978
De nos jours la plupart des gens pensent que la première qualité requise pour être un bon gouvernant est la justice (le fait de rendre à chacun son dû). Pourquoi la prudence est-elle encore plus importante pour être un bon chef ?

Texte n°3 :
« Je fis la connaissance d'une jeune Lyonnaise qui venait de perdre son père, médecin épris de musique, raffiné et libéral, au sens où le libéralisme se traduit en libéralité. Trop détaché pour être prévoyant, il l'avait laissée avec sa mère fort malade dans une situation difficile, et elle cherchait un emploi. Quelque chose en moi de généreux me portait à venir en aide aux jeunes filles dans l'adversité, quand elles étaient jolies. (...) Mes activités mystérieuses et mes lectures philosophiques l'impressionnaient manifestement; il n'y avait pas de philosophe dans sa très bourgeoise famille. Craignant que l'idée ne lui vienne de s'en attacher un, je tins à lui expliquer longuement, à tout hasard, et plusieurs fois, que la pire erreur que pourrait commettre une jeune fille serait de trop aimer la philosophie, et les philosophes sans véritable formation, qui ne philosophaient que pour passer le temps, en attendant la fin de la guerre et la liberté. Je la revis le plus souvent possible, afin qu'il n'y eût pas le moindre malentendu entre nous. Elle m'écoutait avec beaucoup de patience. J'éprouvais en sa présence une sensation toute nouvelle des plus bizarres, et qui était la sensation d'exister. C'était inquiétant. Mais, quand à son approche le monde environnant se mit à passer du gris à la couleur, je fus saisi de panique, et pris la fuite.

Je courus à la grande Chartreuse que je quittai après deux tours de cloître. Ce château de l'âme était trop resplendissant pour moi. Je m'y faisais l'effet d'un sans-culotte à Versailles, qui se ferait peur en s'apercevant dans les glaces. Je partis pour la Trappe des Dombes, dont les robustes beautés fermières étaient peut-être plus accordées à ma rusticité naturelle. Un ami de la résistance, en plongée momentanée, m'y força de lire un texte interminable du père Teilhard de Chardin, écrit à l'encre violette et polycopié à la gélatine sur papier quadrillé. Je rêvai sur un passage relatif à "l’évaporation des mammifères". J'aurais bien voulu m'évaporer avec eux. (...) Fallait-il oublier le monastère, ou la jeune fille? Penser au couvent me donnait le frisson et au mariage, des sueurs froides. Après tout, rien ne prouvait que l'autre partie contractante fût résignée au pire, me disais-je. (...) Comment pouvait-on se préoccuper de si petites choses personnelles quand il s'en passait de si grandes sur la terre? Nulle réponse ne me venant de qui je l'attendais, la fuite et le silence n'ayant servi de rien, au bout de six mois l'instinct me dicta le parti à prendre. Cette tendresse certaine, je ne pouvais en jouer davantage en gardant indéfiniment cette jeune fille sous option. Il fallait en finir. Il ne me restait qu'un seul moyen de ne plus la revoir: l'épouser.

 Je décrochai le téléphone, et la demandai en mariage: dans la vie, le grand problème est de se débarrasser de soi. Je comptais sur elle pour me rendre ce service. Je fus heureux qu'elle acceptât. »




Mercredi 17 avril 2013
21:00 – 22:00
39, boulevard des Invalides Paris VIIeme 
(Grande porte bleu en face de l'église) 
Métro Saint-François-Xavier