mercredi 7 novembre 2012

Hodie mihi, Cras tibi...

Aujourd'hui c'est moi, demain ce sera toi... 
Tel était le célèbre slogan que l'on voyait sortir de la bouche de la mort sur les bannières des confréries de pompes funèbres dans l'Europe baroque.

Genovefa vous a sélectionné un petit poème à méditer durant ce mois des morts...






PSAUME II


Vous avez fait le ciel pour vous-même, Seigneur,
Et la terre d'ici pour les enfants des hommes,
Et nous ne savons pas de plus réels bonheurs
Que les bonheurs cernés par le monde où nous sommes,



Nous voulons bien un jour célébrer vos louanges
Et nous unir aux chants de vos désincarnés,
Mais vos enfants, Seigneur, ils ne sont pas des anges,
Et c'est aux coeurs d'en bas que le coeur est lié.



Pardonnez-nous, Seigneur, de ne pas oser croire
Que le bonheur pour nous ait une autre couleur
Que la joie de la source où nos bouches vont boire
Et du feu où nos mains recueillent la chaleur.




Pardonnez-nous, Seigneur, dans nos prisons captives
De songer avant tout aux vieux trésors humains,
Et de nous retourner toujours vers l’autre rive
Et d'appeler hier plus encore que demain.



Pardonnez-nous, Seigneur, si nos âmes charnelles
Ne veulent pas quitter leur compagnon le corps,
Et si je ne puis pas, ô terre fraternelle,
Goûter de l'avenir une autre forme encor.



Car les enfants pressés contre notre joue d'homme,
Les êtres qu'ont aimés nos coeurs d'adolescents
Demeurent à jamais devant ceux que nous sommes,
L'espoir et le regret les plus éblouissants.



Et nous ne pourrions pas, pétris de cette terre,
Rêver à quelque joie où ne nous suivraient pas
La peine et le plaisir, la nuit et la lumière
Qui brillaient sur le sol ou marquèrent nos pas.



Robert Brasillach in Poèmes de Fresnes 30 octobre 1944.




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